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Conférence de Fernando Gómez – Interactions entre les organismes phytoplanctoniques (symbiose, prédation)

23 avril 2022, N/O Marion Dufresne, au large de l’île de La Réunion

Autrice : Bleuenn Prijac


Fernando Gómez est un taxonomiste du phytoplancton. Il fait actuellement partie de l’équipe d’écologie planctonique du Laboratoire d’Océanologie et Géosciences (LOG, UMR-8187, CNRS et ULCO) à Wimereux qui participe à la campagne RESILIENCE.

Il est généralement admis que le phytoplancton est composé d’organismes passifs constituant le bas du réseau trophique. Leur rôle principal consiste à convertir la matière inorganique en organique avec l’énergie de la lumière. Ils participent également aux cycles et au flux de nombreux éléments chimiques dans l’océan. Cependant, on observe des interactions beaucoup plus complexes. En effet, il existe des phénomènes, de symbioses, et de prédation. La symbiose est un phénomène observé plus fréquemment en milieu tropical grâce aux conditions plus stables que pour des milieux polaires où les variations de température et de nutriments sont plus importantes.

À titre d’exemple, les diatomées sont immobiles. Par conséquent, une symbiose avec une ciliée leur confère la mobilité et leur permet d’éviter la sédimentation. De plus la ciliée créer des courants apportant des flux de nutriments aux diatomées. Parallèlement, la ciliée profitent des épines des diatomées comme protection contre les prédateurs. Ce phénomène est donc la création d’une relation entre ciliées et diatomées leur permettant de tirer avantage des compétences de chacune par rapport à leur vie de cellules solitaires.

Figure 1 : Photographie démontrant le phénomène de symbiose entre diatomées et ciliées.

Dans les eaux tropicales, et plus précisément dans la zone euphotique oligotrophique, les cyanobactéries peuvent fixer l’azote atmosphérique (N2), elles sont diazotrophes. Les diatomées et dinoflagellés, sont les hôtes de certaines de ces cyanobactéries diazotrophes. Cela permet aux diatomées et dinoflagellés d’utiliser l’azote organique produit par la cyanobactérie. Parallèlement les diatomées et dinoflagellés protègent la cyanobactérie.



Figure 2 : Photographie démontrant le phénomène de symbiose entre diatomée cynaobactéries.

Les dinoflagellés, typiquement classés dans la catégorie du phytoplancton, contiennent des espèces photosynthétiques avec une versatilité trophique qui implique qu’elles sont capables de consommer de la matière organique, et des espèces hétérotrophes. Certains dinoflagellés sont capables de consommer des proies de grande taille par digestion extracellulaire (figure 3). Dans certains cas, ils ont même développé des dards capables de narcotiser et d’immobiliser la proie afin d’en faciliter la capture.


Figure 3 : Photographies impliquant différents phénomènes de prédations.
Figure 4 : Photographie représentant un dinoflagellé ayant développé un organite de structure homologue à un œil.

D’autres espèces ont développé des organites avec une structure homologue à des yeux. Ils captent alors la lumière de façon à rester à la profondeur où ils ont le plus de chances de trouver leur nourriture : les œufs de copépodes qui sont riches en lipides et caroténoïdes.

Le phytoplancton est un groupe organismes complexe avec nombres d’espèces en interaction les unes avec les autres. Il est donc loin d’être un groupe d’organismes passifs, et semble plutôt actif. Cependant, il reste encore beaucoup de choses à découvrir.


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