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Conférence de Gwenith Penry – Etude des mammifères marins par bio-logging pour répondre aux enjeux de conservation

22 avril 2022, N/O Marion Dufresne, au large de La Réunion

Auteurs: Ioannis Kalaitzakis et Salomé Pellé


Gwenith Penry est une chercheuse spécialiste des mammifères marins à l’Université Nelson Mandela en Afrique du Sud. Ses recherches portent sur le rorqual de Bryde, Balaenoptera brydei, et plus particulièrement sur la population continentale côtière d’Afrique du Sud, qui compte environ 600 individus.

Les rorquals de Bryde sont des cétacés, de l’ordre des Cetacea, mesurant 13-14 mètres de long et pesant 15.000 kilogrammes. Ils se distinguent par les trois crêtes caractéristiques situées sur la partie supérieure de sa tête (figure 1). Ces rorquarls sont généralement solitaires et antisociales et se déplacent relativement vite, ce qui rend leur étude difficile. De plus, ils ne migrent pas et n’ont pas de saisons de reproduction et d’alimentation spécifiques. Cette espèce se nourrit de petits poissons pélagiques tels que la sardine et l’anchois, et elle adopte également le comportement typique de « fente », qui consiste en des sauts hors de l’eau. En raison de leur nature timide, il nous manque encore beaucoup d’informations cruciales sur cette espèce, notamment sur leur comportement sous-marin. La population côtière sud-africaine est classée comme « vulnérable » sur la Liste rouge nationale, ce qui souligne l’importance de son étude.

Figure 1 : Traits caractéristiques du rorqual de Bryde. (c) Gwenith Penry
Figure 2 : Enchevêtrement d'une baleine dans un engin de pêche côtière. (c) Gwenith Penry

Les principales menaces auxquelles cette espèce est confrontée sont les collisions avec les navires, l’enchevêtrement dans les engins de pêche (figure 2) et la réduction de la disponibilité des proies, la dernière étant due à l’effondrement des stocks de poissons causé par le changement climatique et la surpêche. Il a été observé qu’entre 2014 et 2019, 17 rorquals de Bryde se sont empêtrés dans des engins de pêche, dont 10 ont été mortels et 7 dans des engins de pêche au poulpe. La plupart des enchevêtrements se faisaient par la bouche, ce qui montre que cela a pu se produire pendant le comportement alimentaire.

Figure 3 : Deployement de capteurs (appelés tag) sur le dos d'un rorqual de Bryde. (c)  SA Bryde’s whale project

Afin d’approfondir l’étude de l’espèce, un projet de bio-logging a été initié en 2018 en déployant des capteurs sur les dos des baleines (figure 3). Ces appareils permettent d’obtenir la localisation de l’animal en temps réel grâce aux données satellitaires. De plus, ils enregistrent d’autres paramètres comme la profondeur, l’accéléromètre mais aussi effectuent des enregistrements vidéos de l’animal. Les chercheurs ont déployé avec succès 10 dispositifs qui sont restés attachés jusqu’à 20 heures. Ce projet leur a permis d’acquérir de nouvelles données sur cette espèce mal connue, comme les comportements alimentaires de l’animal et son profil de plongée. Ces données spécifiques à l’espèce ont contribué à la modification des engins de pêche. Le premier déploiement de ce nouvel engin n’a montré aucun danger pour les baleines. Cet exemple montre comment les décisions en matière de conservation peuvent être fondées sur des données spécifiques à l’espèce afin d’atteindre une grande efficacité.


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