9 mai 2022, N/O Marion Dufresne, Canal du Mozambique
Auteurs : Luis Chomienne & Illona Ribot
Floriane est doctorante à l’institut Méditerranéen d’Océanographie, elle y effectue sa thèse sur les fronts océanographiques. Sa thèse fait partie du groupe multidisciplinaire Ocean Front Changes Project. Leurs recherches visent à évaluer comment les fronts affectent la vie marine, mais également l’influence du changement climatique sur ceux-ci, tout en restant en contact avec les pêcheurs, les acteurs des secteurs concernés et les ONGs.
Mais donc, qu’est-ce qu’un front ? Un front est localisé à la frontière entre deux masses d’eau avec différentes propriétés, comme la température, la salinité ou la densité. Par exemple, pour la température de surface, les fronts se trouvent à la frontière entre une eau chaude et froide. Les zones de front sont des écosystèmes éphémères de forte productivité biologique, on y trouve donc de nombreux prédateurs tels que des mammifères marins, des oiseaux ou des requins. De nombreux pêcheurs sont présents dans ces zones, d’où la collaboration étroite avec ceux-ci.
Notre campagne se base en partie sur le canal du Mozambique. Dans cette zone étroite, le courant Sud équatorial arrive du nord de Madagascar et atteint les îles Comores créant de nombreuses instabilités et par conséquent, génère des eddies (tourbillons) qui se déplacent vers le sud, jusqu’à leur intégration dans le courant des Aiguilles.
Floriane étudie la variabilité intra-annuelle de la température de surface des fronts grâce à un modèle océanique, entre 1993 et 2014. Les fronts considérés sont ceux avec un gradient supérieur à 0,05°C/km sachant que dans le canal, certains d’entre eux peuvent aller jusqu’à 2,3°C/km. Des fronts permanents se trouvent le long du plateau continental.
Le canal du Mozambique est séparé en quatre régions distinctes (figure 1) qui ont une variabilité saisonnière différente (figure 3). Il y a tout d’abord, la partie des îles Comores (Islands) influencée par la topographie, et le nord du canal du Mozambique (NMC) influencé par la strangulation de ce dernier. Ces deux régions du nord sont fortement influencées par la mousson. La troisième région, correspondant au canal du Mozambique Sud (SMC), est trop au sud pour être influencée par la mousson. La dernière région, le courant des Aiguilles, est caractérisée par un fort courant provenant de l’océan Indien.
À bord, nous avons obtenu des données réelles in situ qui viendront compléter les modèles et les données satellitaires pour notre compréhension de la variabilité des fronts et de leur utilisation par la vie marine. Le mouillage, placé dans le canal pendant la campagne et inspiré du BOMBYX de H. Glotin (Bouée multimodale pour la biodiversité et l’océanophysique, figure ci-contre) sera capable de recueillir des données sur un profil vertical de 1056 mètres de profondeur jusqu’à la surface avec plusieurs instruments, notamment :
Ces différents capteurs permettront d’obtenir une observation holistique des interactions bio-physiques dans l’environnement marin. Les données physiques seront également utilisées pour valider les modèles.