OMEGA

Effets de la diminution de la disponibilité d’oméga 3 sur les populations mondiales de petits poissons pélagiques et les populations humaines.

Ce projet est porté par Marie Vagner (CNRS, LEMAR) et Laure Pecquerie (IRD, LEMAR), respectivement physiologiste des poissons marins et modélisatrice, et implique une soixantaine de personnes, réparties entre :

Pour les populations humaines, le poisson constitue une source majeure d’acides gras polyinsaturés n-3 à longue chaîne, communément appelés oméga 3, nécessaires au maintien des fonctions vitales. Les petits poissons pélagiques exploités (PPP), provenant principalement des systèmes d’upwelling, sont les principaux contributeurs à la consommation d’oméga 3 par l’homme.

Le changement climatique en cours, combiné à l’augmentation de la population humaine, conduit actuellement à un avertissement clair que l’approvisionnement en oméga 3 pourrait devenir insuffisant d’ici 2040. Il devient urgent d’évaluer l’impact des changements environnementaux sur l’accumulation d’oméga 3 par les petits poissons pélagiques et leurs conséquences sur les populations de ces poissons afin de maintenir le fonctionnement des écosystèmes et l’approvisionnement en oméga 3 pour les humains.

Contexte :

  • Les oméga 3 sont nécessaires au développement et aux différentes fonctions vitales des organismes vivants.
  • Les populations de petits poissons pélagiques (e.g. sardine, anchois), principalement des écosystèmes d’upwelling dits de « Bord-Est des océans » (Canaries, Benguela, Humboldt et Californie) sont la source principale de ces oméga 3 pour l’utilisation et la consommation directe par les populations humaines.
  • Les poissons ne savent pas synthétiser ces oméga 3. Ils sont riches en oméga 3 parce qu’il est produit par les réseaux trophiques. Les petits pélagiques se nourrissent du zooplancton qui lui-même se nourrit de phytoplancton. C’est le phytoplancton qui va produire en grande majorité les oméga 3.
  • Avec le changement global, les modifications de température, d’acidification des océans et d’autres paramètres changeants font que les communautés de phytoplancton produisent moins d’oméga 3. A la fois parce que leur physiologie et l’assemblage des communautés sont modifiés. Certaines espèces de phytoplancton produisent plus d’oméga 3 que d’autres. Les paramètres du changement global amènent à une augmentation d’espèces de phytoplancton qui sont très peu productrices d’oméga 3.
  • Une diminution du stock d’oméga 3 (changement climatique, exploitation des stocks des petits pélagiques) associée à une demande croissante en oméga 3 (augmentation de la population mondiale, développement de l’aquaculture) conduit à une possible limitation en oméga 3 à l’horizon 2040.

C’est une problématique écologique, socio-économique et de santé publique fondamentale qui n’a pas encore été prise en compte à l’échelle mondiale.

L’objectif du projet est de caractériser l’approvisionnement en oméga 3 à l’échelle mondiale et d’essayer de comprendre son évolution avec le changement global.

Élaboration d’un cadre interdisciplinaire combinant des approches physiques, biologiques, économiques et psycho-sociologiques.

Méthodologie du projet :





Workpackage 1 : la première étape consiste à évaluer la variabilité spatio-temporelle du contenu en oméga 3 des petits poissons pélagiques sur nos différents sites d’étude.

Responsables : Fany Sardenne, Laure Pecquerie, Marie Vagner, Philippe Soudant et Christophe Lebigre.

Workpackage 2 : cette partie expérimentale consiste à essayer de comprendre comment le changement global est susceptible d’affecter I) ce contenu en oméga 3 et II) la physiologie et le comportement des petits pélagiques. On conditionne des poissons en laboratoire dans un scénario futur de hausse de température et de diminution d’oméga 3 dans la nourriture des poissons.

Responsables : David Mazurais, Arianna Servili et Marie Vagner.

Workpackage 3 : l’objectif est d’utiliser les données des deux premiers axes pour intégrer ces données et modéliser l’évolution des populations de petits pélagiques et leur qualité en oméga 3.

Reponsables : Laure Pecquerie, Martin Huret et Eric Machu.

Workpackage 4 : Nous allons tester les méthodes de production de pêche sur la qualité en oméga 3 des petits pélagiques. Si la qualité d’oméga 3 varie selon les conditions de conservation et autres critères : la méthode de pêche, l’engin utilisé, la période, la marée, la température, le temps de conservation à bord des bateaux. La qualité du produit en oméga 3 n’est pas seulement liée à l’environnement mais peut être aussi lié aux méthodes de production.

Responsables : Fabienne Daurès et Mathieu Merzéréaud.

Workpackage 5 : Nous allons évaluer les représentations des produits de la mer et des oméga 3 par les pêcheurs et les consommateurs. Va-t-on devoir manger autrement ? Est-ce que le pêcheur voit son poisson comme un vecteur d’oméga 3 de la mer vers l’homme. Comment le consommateur perçoit les produits de la mer en général ? Comment perçoit-il les oméga 3 d’une façon plus particulière ? Nous étudierons également l’acceptabilité d’alternatives aux produits de la mer comme sources d’oméga 3.

Responsables : Estelle Masson et Gervaise Debucquet.

Workpackage 6 : ce dernier workpackage représente la dimension formation qui est transverse aux autres axes. Deux unités d’enseignement (U.E) sont en cours d’élaboration les étudiants de Master : une U.E sur la modélisation et une U.E sur le montage de projets interdisciplinaire.

Responsables : Jonathan Flye-Sainte-Marie et Gauthier Schaal.





Retombées attendues du projet

Ce projet va permettre d’évaluer l’évolution de l’approvisionnement mondial en oméga 3 pour la population humaine avec un focus particulier sur la source majeur que sont les petits pélagiques. C’est une étape essentielle pour ensuite comprendre les effets des changements globaux sur l’ensemble des compartiments qui constituent les écosystèmes d’upwellings, les petits pélagiques en étant un compartiment intermédiaire.

En terme de rayonnement international, en plus de s’appuyer sur des partenaires étrangers, le projet contribuera au groupe de travail international Joint ICES/PICES.

En terme de relations avec le monde socio-économique, ce projet implique directement les différents acteurs du secteur de la pêche de petits pélagiques (comité des pêches, conserveries).

Équipe du laboratoire LEMAR :

Source : laboratoire LEMAR

Collaborateurs :

AMURE : Fabienne Daurès, Christelle Le Grand, Mathieu Merzéréaud

Ifremer STH : Martin Huret, Christophe Lebigre, Sophie Le Mestre

LOPS : Eric Machu, Thomas Gorgues

LP3C : Estelle Masson

Audencia Business School : Gervaise Debucquet

LOCEAN : François Colas, Xavier Capet, Vincent Echevin

UMMISCO : Timothée Brochier

Partenaires académiques internationaux :

Sénégal (UCAD, CRODT),

Afrique du Sud (DAFF, UCT),

Pérou (UPCH, IMARPE),

Mexique (CICIMAR, CIBNOR)

Partenaires du monde socio-économique :

Tasa

Conserverie Chancerelle

Projets connexes :

Projet DEFIPEL (France Filière Pêche)

SOLAB (Projet ANR)